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La réalité virtuelle (RV) est une technique de simulation d’un environnement artificiel et interactif généré par un ordinateur qui, depuis les années 80, bénéficie des progrès des technologies numériques. Considérée comme un gadget à ses débuts, elle a conforté de premières applications thérapeutiques valides dans les années 90 avec les traitements de troubles psychologiques comme les angoisses ou les phobies… L’extension à d’autres pans de la psychiatrie et de la neuro-psychologie a notamment créé de nouvelles modalités de réhabilitation des fonctions comportementales et cognitives notamment chez le blessé de guerre. Les applications et études se sont en effet, multipliées durant ces dernières années du fait des problématiques grandissantes et mieux appréhendées du PTSD et du TBI au sein des forces armées US. Les différentes méthodes testées ont été conçues sur un mode à la fois de dépistage, d’évaluation et de traitement. Les avancées en neurobiologie avec une meilleure compréhension des circuits cérébraux ont aussi débouché sur des applications dans la gestion de la douleur. La prise en charge thérapeutique par RV est un secteur en croissance constante qui bénéficie d’investissements notables du DOD. La recherche médicale avec son réseau étendu de partenaires, de structures de soins et de centres d’excellence, va continuer à suivre de nouvelles pistes d’applications cliniques tout en contribuant à l’expansion des techniques existantes.

Le Post traumatique Stress Disorder (PTSD), signature du conflit irakien et afghan reste de gestion complexe tant pour le dépistage que pour le diagnostic et le traitement. Le recrutement accéléré de psychiatres et de personnel spécialisé ne suffit pas à couvrir une demande qui va en s’accroissant. Afin de multiplier les approches dans le domaine de la prise en charge, la thérapie d’exposition par RV a été proposée en complément des traitements existants.

L’objectif est de traiter les troubles à type de stress, d’angoisse et d’anxiété affectant le personnel de retour d’opérations et s’accompagnant d’épisodes récurrents de reviviscence caractéristiques du PTSD. Virtual Irak est un programme conjoint entre l’Office of Naval Research (ONR) et un institut affilié à l’Army au sein de l’University of South California (ICT ). Le projet conduit depuis 3 ans par le Dr Albert Rizzo donne des résultats encourageants. Le principe réside dans la création de scenarii appuyés de mises en scène en mode virtuel destinées à plonger le patient dans des environnements familiers et de recréer progressivement les circonstances et les conditions d’évènements vécus auparavant. La réalité virtuelle fournit des répliques de marchés, de rues ou de routes d’Irak sur laquelle une attaque de convoi par EEI peut être reproduite aisément. Équipé d’écouteurs et d’un casque de réalité virtuelle (visiocasque) permettant de voir à 360o, le patient est placé en immersion totale, menant des missions types (patrouilles, convois …).

Sa mémoire sensorielle est mise à forte contribution à l’aide de stimulations grandissantes comme des sons évocateurs (bazar), des vibrations (explosion, véhicule) et parfois même des odeurs (épices, caoutchouc brûlé, essence) qui s’avèrent souvent de puissants stresseurs. A l’inverse, les soldats rapportent aussi le stress qui les envahit dès la fin de la prière du muezzin, car les attaques reprennent alors de plus belle. Le thérapeute oriente cette exposure therapy sur un mode personnalisé et l’organise selon un cycle de 15 séances de 90 mn, amenant par étapes le patient à confronter ses angoisses et à les contrôler. Une majorité des sujets, réticents à revivre des moments pénibles, finissent par voir diminuer l’intensité et la fréquence de leurs épisodes de flashbacks et de ré- expérience. Ces jeunes militaires très souvent familiarisés avec l’univers du gaming et empreint de la culture de la simulation lors de leur entraînement sont plus enclins à participer à ce type de travail. Il est moins compliqué pour eux de suivre une session virtuelle explicite que de stimuler leur imaginaire et/ ou leur mémoire de rappel pour verbaliser leur trouble lors d’une prise en charge conventionnelle.

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Article paru dans le magazine Opérationnels SLDS numéro 19 – Printemps 2014 : 

Magazine 19